"À tous ceux qui pensent me connaître à travers un écran…"
Je m’appelle Clara, j’ai 20 ans, et aujourd'hui je décide d’écrire cette lettre parce que trop longtemps, j’ai laissé les mots des autres m’atteindre.
Oui, vous savez, ces commentaires, ces "petites blagues" qui, répétées chaque jour, finissent par détruire la confiance en soi. J'ai longtemps cru que ça n'avait pas d'importance, que je pouvais les ignorer. Mais, à force d’entendre encore et encore les mêmes choses, à force de voir mon corps, ma vie, mes choix de plus en plus critiqués, j’ai perdu ce qui me restait : l'estime de moi-même.
Tout a commencé il y a quelques années, lorsque j'ai commencé à poster des photos sur Instagram. Comme beaucoup, je voulais partager des moments de ma vie, des souvenirs, des instants de bonheur.
Rapidement, j'ai découvert que les réseaux sociaux ne sont pas toujours un lieu d'échange bienveillant : les haters ont fait leur apparition. Ces gens, qui cachés derrière un écran, se permettent de juger sans connaître, d’insulter sans réfléchir.
Complexe physique, vie sociale et pression constante
"Regarde-la, elle pense vraiment qu’elle est jolie avec ce corps ?
""Elle devrait perdre du poids si elle veut qu’on la prenne au sérieux."
Ou encore des remarques sur ma situation familiale : "Pas étonnant qu’elle soit comme ça, avec une famille comme la sienne."
Ce genre de commentaire, je les ai lus des dizaines, des centaines de fois. Ce sont des mots qui s’insinuent dans votre esprit, qui prennent racine et finissent par vous faire douter de tout.
Peu à peu, j'ai commencé à me regarder différemment dans le miroir.
Chaque imperfection, chaque complexe physique était amplifié par leurs remarques. Je n'avais plus confiance en moi. Je me sentais jugée non seulement par des inconnus sur internet, mais aussi par mes proches, mes amis, ma famille. Chaque sortie devenait un défi. Ma vie sociale s’effondrait.
Perte de repère et cyberharcèlement
Les réseaux sociaux, qui au départ étaient un moyen de rester en contact avec mes amis et de me divertir, étaient devenus une prison.
Chaque notification, chaque "like" ou commentaire devenait source d'angoisse. J’avais peur de ce que je pouvais y trouver. À un moment donné, j'ai fini par tout supprimer. Plus d’Instagram, plus de Facebook, plus rien.
J'ai coupé les ponts avec ce monde virtuel. Mais les dégâts étaient déjà faits. Même sans lire ces commentaires chaque jour, la perte de repères était immense. Je ne savais plus qui j’étais, ni ce que je valais.
Le cyberharcèlement m'avait complètement détruite.
Quand vous lisez des messages qui vous répètent sans cesse que vous ne valez rien, que vous êtes "inutile", "ridicule", "trop ceci" ou "pas assez cela", à force, vous finissez par y croire.
Mon estime de soi était au plus bas.
Comment reprendre confiance en soi après ça ?
Comment retrouver le goût de sortir, de rencontrer des gens, de parler, sans avoir peur de ce que les autres pourraient dire ou penser ?
Le besoin d’accompagnement : se reconstruire après l’ouragan
J’aimerais pouvoir dire que j'ai trouvé la solution toute seule. Mais non.
J'avais besoin d'aide, d'accompagnement, pour retrouver un semblant de confiance en moi.
J'ai dû en parler, même si c'était difficile. J'ai trouvé des personnes autour de moi qui m'ont soutenue, qui m'ont rappelé ma valeur.
J’ai aussi rencontré des professionnels, parce que parfois, on ne peut pas tout régler seul.
Je me suis rendue compte que beaucoup de personnes vivent ce genre de situation, ce déferlement de haine gratuite sur les réseaux sociaux.
Que l'on soit "trop" ou "pas assez", il y aura toujours des gens pour critiquer. Mais j’ai aussi compris que leur opinion ne définit pas qui je suis.
Leur haine, leurs remarques sur mon physique, ma vie sociale, ou même ma famille, ne doivent pas prendre le dessus.
A tous ceux qui doutent, à tous ceux qui souffrent en silence
Je sais à quel point il est facile de sombrer. Je sais aussi combien il est difficile de se relever.
J'écris cette lettre pour dire à tous ceux qui vivent la même chose que moi : vous n’êtes pas seuls.
Les critiques, les jugements, les moqueries ne doivent pas vous définir.
Il est possible de retrouver confiance en soi, de reconstruire son estime. Cela prend du temps, cela demande de la patience et parfois du soutien mais c'est possible.
Je ne prétends pas avoir totalement guéri.
Certains jours, les doutes reviennent, les souvenirs des commentaires blessants ressurgissent. Aujourd'hui, je choisis de ne plus laisser ces voix me dicter qui je suis.
Je veux me concentrer sur les personnes qui m’aiment et qui me rappellent que je vaux bien plus que quelques mots balancés derrière un écran.
Si vous traversez cela, sachez qu’il y a toujours une issue.
Ce chemin, je le fais encore, et vous
pouvez le faire aussi.
Clara, une survivante des haters.
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